Ce dimanche 29 mars 2020, 5ème dimanche de Carême, Monseigneur Centène a demandé l’intercession de Notre-Dame du Roncier au cours d’une prière à l’issue de la messe dominicale célébrée en la chapelle de la maison du diocèse.

Très Sainte Vierge Marie, invoquée en Josselin depuis plus de douze siècles comme « Notre-Dame du Roncier », à la prière instante de la famille du pieux laboureur – qui découvrit providentiellement ton Image dans un champ de ronces. Tu intercédas pour la guérison de leur petite fille, aveugle de naissance, et elle trouva la vue.

Animés de cette même confiance, comme tant de nos pères qui sont venus depuis s’agenouiller en ton Sanctuaire et implorer le secours de ton intercession, nous venons mendier la grâce d’être guéris de toutes nos cécités : sur Dieu, notre Créateur et notre Sauveur, sur nos frères et sur nous-mêmes.

Oublieux de Ton Fils, ingrats de Ses grâces, loin de ton regard de miséricorde, nous sommes devenus semblables à des aveugles prétendant conduire d’autres aveugles, qui tombons dans la fosse, sans pouvoir nous relever.

Sainte Mère du Rédempteur, décille les yeux de notre Foi, nous qui ne voyons même plus que nous sommes de pauvres pécheurs ; et dans la nuit où nous nous sommes plongés, ouvre les yeux de notre cœur, « pour que nous sachions quelle espérance nous ouvre Son appel, la gloire sans prix de Son héritage dans les saints » (Eph 1, 18)

Quand les ennemis de nos aïeux, avec la flamme ou par l’acier, s’attaquaient aux murs de la Cité qui t’est dédiée, qui s’opposa à leurs menaces ? Sinon Toi, plus Mère que Reine, en étendant Ta main souveraine qui ramena la paix, et relança notre marche, en pèlerins d’éternité.

Habités d’une pareille confiance, comme tant de nos devanciers, nous Te supplions d’arrêter les maux qui nous assaillent.

Mère sans pareil, honnie du « menteur et du père du mensonge »,

Toi qui écraseras la tête de l’antique serpent, « homicide dès les commencements » (Jn 8, 44), par ton intercession, déjà en 1728, les petits enfants de Camors furent guéris des maux qui les tourmentaient, et par la suite, en Ta demeure, tant et tant de pauvres âmes que tu délivras de leurs afflictions : fais taire en nous les aboiements de la révolte, les cris de l’incompréhension, les braillements de la désespérance.

Ô Mère du Celui qui fut couronné d’épines, et tourné en dérision par les hommes qui bafouaient Sa Divinité, nous venons te présenter toutes les échardes qui blessent nos corps, toutes les épines qui déchirent nos cœurs, toutes les ronces qui étouffent nos âmes ; une à une, enlève-les, nous T’en conjurons, et répands sur chacune de nos plaies le baume certain de ton réconfort maternel.

Ô Clémente, ô miséricordieuse, ô douce Vierge Marie, Toi qui ôtes toutes épines, nous venons vers Toi, gémissant et pleurant : aie pitié de nous !

Le corps de notre humanité est taraudé par cette pandémie qui expose au péril nos êtres, spécialement les plus vulnérables et les plus abandonnés.

Endeuillés par ce virus mortel, confinés dans la crainte, lacérés par l’impuissance, nous nous découvrons en vérité tels que nous sommes : nus, vils et misérables.

Mais du tréfonds de notre détresse, d’un même cœur, nous crions vers Toi, « Lys fleuri parmi les épines » (Ctq 2, 2), Mère si bonne, dont on n’a jamais entendu dire que Tu aies abandonné un seul de tes enfants qui eut recours à ta protection, implora ton assistance et réclama ton secours.

Mère de Dieu, Mère de l’Église et Mère des hommes, Toi qui nous fus donnée, sur la Croix, par le Fruit béni de tes entrailles, Jésus-Christ, alors qu’Il s’offrait à Son Père, pour le rachat de nos péchés, tourne vers Tes petits ton regard plein de compassion, ravive en nous l’espérance « qui ne déçoit pas » (Rm 5, 5), et délivre-nous, car sans Ton appui, nous sommes perdus.

Étends ton manteau maternel sur chacun de tes enfants, sur les fils de cette terre, les fidèles de ce Diocèse : sur Moi, + Raymond, ton serviteur, qui t’en supplie, sur les prêtres et diacres de Ton Fils, et tous ceux que l’Église m’a confié.

Avocate ô combien fidèle, garde-nous, par-dessus tout, de n’avoir recours à ton intercession que parce que nous sommes dans l’épreuve.

Toi le Couronnement des Œuvres du Seigneur, Tu sais qu’on ne « cueille pas de figues sur des épines » et qu’on « ne vendange pas non plus de raisin sur des ronces » (Lc 6, 44) : pour que nos cœurs persévèrent à devenir cette « bonne terre », où la Parole de ton Fils Jésus pourra germer en fruits de vie éternelle, pour que soit défriché le roncier de nos âmes et qu’y soit édifié un sanctuaire de la Présence du Dieu Vivant, obtiens-nous de redevenir de vrais enfants de Dieu, dont la seule crainte soit de ne pas assez L’aimer et de dédaigner Le servir en nos frères.

Notre-Dame du Roncier,

Toi qui ravis le Cœur de Dieu, et qui l’incline vers notre terre endolorie, par la puissance irréfragable de ton intercession auprès de ton Fils Jésus, donne-nous, jour après jour, un cœur nouveau, qui puisse battre du même amour que celui de ton Cœur de Mère, et « tout ce qu’Il nous dira, nous le » serons (Jn 2, 5).

Lui qui, de toujours à toujours, vit et règne avec le Père, dans l’indivisible Unité du Saint-Esprit, Dieu éternellement Vivant et Vrai.

Amen.

 

+ Monseigneur Raymond Centène, évêque de Vannes

Dimanche 29 mars 2020